Des données circulant librement pour garantir un trafic fluide

Voitures autopilotées qui se garent toutes seules, systèmes efficaces de gestion du trafic et flux de trafic optimisés: la mobilité doit devenir plus intelligente afin d’éviter une paralysie du trafic et de rendre le système de transport plus durable. A l’occasion d’un colloque sur ce thème, l’Association Suisse des Télécommunications (asut), l’Office fédéral des routes (OFROU), its-ch et le TCS ont tenté d’analyser comment concrétiser ces idées.

Nous nous trouvons en pleine phase de transition, tel a été le leitmotiv de la réunion au Kursaal de Berne. Du point de vue de l’aménagement du territoire, la Suisse a atteint ses limites. Mais dans le même temps, le transport des personnes et des marchandises continue d’augmenter. L’extension du réseau de transport existant – ou «encore plus de béton et de rails» comme le décrit la conseillère nationale spécialiste des transports Edith Graf-Litscher dans son exposé magistral – ne saurait apporter une réponse convaincante à la croissance des besoins en matière de mobilité. Seule la numérisation, l’interconnexion, l’utilisation pertinente de données intelligentes et le courage d’innover peuvent désormais améliorer les capacités: «Il s’agit de trouver ensemble des solutions intelligentes», explique Edith Graf-Litscher, qui a constaté que, face à l’urgence de la situation, les oppositions autrefois marquées au sein du Parlement avaient tendance à s’assouplir.

Quelques controverses ont toutefois pu être perçues à l’occasion de ce forum. Ainsi, le président de l’asut, Peter Grütter, a exhorté le monde de l’entreprise à ne pas conserver jalousement ses données dans des silos, mais à les laisser librement circuler afin qu’elles puissent déployer leur potentiel stratégique pour l’échange d’informations. Et Frank Henschke, CTO Ericsson Suisse, d’affirmer de manière irréfutable que le développement du nouveau standard de radiocommunication mobile 5G en Suisse ne serait simplement plus possible sans l’élévation des valeurs limites en vigueur. Il est évident que la mobilité intelligente de demain doit se baser sur la communication entre les machines et que la 5G en constitue une condition essentielle. Le professeur de théologie Peter Kirchschläger de l’Université de Lucerne a cependant rappelé que toute innovation devait se conformer aux lois en vigueur et qu’en particulier le droit au respect de la vie privée et à l’autodétermination en matière d’information constituaient des droits humains qui devaient conserver leur validité dans un univers intelligent également. «Il s’agit ici de standards normatifs que l’humanité a acquis au prix de longs et douloureux combats et que nous ne devrions pas abandonner facilement.» Peter Goetschi, président central du TCS, a renchéri, affirmant que sans acceptation sociale le potentiel innovant de la numérisation ne pourrait pas être atteint. Il a ajouté que cette acceptation dépendrait directement de la gestion sûre des données.

En d’autres termes, la mobilité du futur ne pourra devenir intelligente que si elle parvient à trouver le juste équilibre entre les différentes sensibilités de l’économie, de la politique et de la société – un projet difficile, mais nécessaire en particulier durant une phase de transition comme celle que nous vivons, a estimé Peter Röthlisberger, directeur de l’OFROU. «La phase de test durera sans doute encore trois à cinq ans», a-t-il expliqué. Divers exposés ont décrit à quoi cette phase pourrait aboutir: ainsi, Felix Eberli, responsable du département Embedded & Automotive chez Supercomputing Systems AG, a évoqué les véhicules totalement autonomes qui, comme guidés par une main invisible, esquivent tous les obstacles. De son côté Nils Planzer, CEO Planzer Transport AG, a expliqué comment envoyer des camions intelligents sur les routes et le professeur Dominik Hermann de l’Université Otto-Friedrich de Bamberg a exposé les heurs (et les malheurs) d’un conducteur de voiture intelligente.

Le bilan de la journée en deux tweets :
 

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Qui a peur des voitures autonomes ?

Le trafic du futur sera intelligent. Mais la population suisse est-elle prête à utiliser des véhicules qui se déplacent et se garent de façon autonome, ou qui déterminent eux-mêmes le meilleur itinéraire pour se rendre d’un point A à un point B? Une étude (à télécharger gratuitement) mandatée par l’asut montre que les Suisses peuvent certes tout à fait imaginer bénéficier d’une assistance technique lors de la conduite d’un véhicule, mais qu’ils émettent de fortes réserves quant aux véhicules totalement autonomes. La plupart des personnes ne sont pas prêtes à lâcher totalement le volant et seules quelques-unes considèrent qu’il serait pratique de pouvoir travailler durant les déplacements. En revanche, l’utilisation de véhicules autonomes dans les transports publics et pour les personnes âgées qui pourraient ainsi rester plus longtemps mobiles est considérée comme utile.

L’étude a été menée par le bureau de conseil EBP Schweiz AG sous la direction de
Peter de Haan.

 

 

 

Christine D'Anna-Huber

Christine D'Anna-Huber, ancienne journaliste du «Tages-Anzeiger», est la rédactrice responsable du bulletin de l'asut.