Une bonne connectivité au service des villes et des campagnes

Par Thomas Anken

Depuis des décennies, le télétravail est considéré comme un moyen de freiner l’exode rural. Pendant longtemps pourtant, cette pratique n'est pas passée dans les mœurs. Le grand progrès technique des technologies de l’information et de la communication de ces dernières années, ainsi que le Covid, ont profondément changé la donne. L’occupation de résidences de vacances a atteint des niveaux records l’année dernière, car un grand nombre de personnes les utilisaient pour travailler depuis chez elles. Mais beaucoup ont appris à leurs dépens que le travail à domicile nécessite une bonne connectivité. Dans les zones rurales, de nombreux foyers ne disposent que d’une connexion à large bande instable, ce qui a des répercussions sur les possibilités d’emploi. Dans de nombreux cas, la pose de fibres optiques nécessite une excavation - ce qui entraîne des coûts élevés pour les agglomérations isolées. La 5G constitue alors une alternative intéressante pour relier les régions isolées à la large bande.

Internet offre d’innombrables possibilités de commercialisation de produits régionaux, d’offres touristiques, d’événements, etc. En attirant virtuellement les clients sur place, en leur montrant la ferme et les animaux, il peut créer une identité et un lien. De nouvelles chaînes de création de valeur peuvent ainsi être mises en place, même dans les régions isolées. De nombreuses boutiques ont proposé de la vente en ligne pendant la pandémie, et la solution de paiement pour smartphone TWINT a connu un grand essor. Du jour au lendemain, les problèmes de manque de monnaie ou de caisses cassées ont disparu.

Outre le tourisme et le commerce, la technologie numérique modifie également la production dans les zones rurales. Ainsi, différentes technologies sont déjà utilisées dans l’agriculture: Les tracteurs utilisent des systèmes de guidage automatiques ultraprécis qui reçoivent des données de correction via le téléphone mobile; les entrepreneurs gèrent des commandes directement à partir du tracteur; les machines extraient des données directement du champ vers le cloud; les traqueurs GPS permettent de repérer les moutons, les chèvres et les bovins, ce qui permet d’éviter des recherches laborieuses sur un terrain complexe. Et pour bien fontionner, toutes ces applications nécessitent une bonne connexion à Internet.

Malgré le grand potentiel des applications numériques pour les zones rurales, l'extension de la 5G se heurte dans ces régions à des réticences. Il n’est pas facile d’expliquer aux gens que la 5G n’entraîne pas une hausse des radiations, bien au contraire. Par unité de données, les radiations générées sont en effet moins importantes qu’avec la 4G actuelle. En outre, les antennes adaptatives orientent le rayonnement vers les utilisateurs, ce qui exclut ceux qui n’utilisent pas la téléphonie mobile. Les personnes en faveur des rayonnements les plus faibles possibles devraient en fait soutenir le développement de la 5G. Pourquoi est-ce que c'est souvent le contraire?

Il nous est très difficile de communiquer de manière factuelle tout en tenant compte des différents aspects émotionnels. Mais peut-être le fromage, les œufs ou les légumes que je commande directement en ligne dans une ferme bien connue créeront-t-ils une nouvelle proximité et une nouvelle perception qui nous permettront de bénéficier d'une plus grande ouverture au progrès technique.

 

 

 

Thomas Anken

Thomas Anken est le directeur du groupe de recherche «Systèmes agrotechniques et mécatronique» du Centre suisse de compétence pour la recherche agricole, Agroscope.Thomas Anken est le directeur du groupe de recherche «Systèmes agrotechniques et mécatronique» du Centre suisse de compétence pour la recherche agricole, Agroscope.