asut-Bulletin
Shaping The Digital Future - Swiss Telecommunication Summit / 42. asut-Seminar
Ausgabe
04/2016
Le rythme s’accélère

Une main d’œuvre très qualifiée, des hautes écoles performantes et des structures étatiques légères en comparaison internationale: la Suisse est parée pour l’avenir numérique. Notre économie, pragmatique comme à son habitude, accueille plutôt favorablement ce changement. Et comme souvent en Suisse, la proximité du terrain n’empêche pas une certaine vision. On peut donc affirmer avec confiance: la numérisation redistribue certes les cartes mais, si l'on compare notre situation à celle d’autres pays industrialisés, nous avons de bons atouts en main.  A nous de les abattre judicieusement. 

Quelques règles d’or conserveront leur pertinence, tandis que d’autres changeront: ainsi, dans cette nouvelle économie, l’esprit d’entreprise sera plus que jamais indispensable mais, pour battre ses concurrents, il ne s’agira pas d’être plus grand, il s’agira d’être plus rapide. Et là, notre placidité helvétique risque de nous jouer des tours: nous allons devoir nous ressaisir, oublier notre perfectionnisme et apprendre à réaliser rapidement les premiers projets numériques, accumuler un savoir-faire, gagner de nouveaux clients et former des collaborateurs parés pour l’avenir.

L’Etat aussi devra s’habituer à un autre tempo. Le processus législatif n’a pas encore adopté le rythme de l’économie numérique. Et tant qu’il en sera ainsi, tant que les nouvelles lois seront rédigées selon le principe de précaution et chercheront à régler, à titre préventif, toutes les questions pouvant surgir dans l’univers numérique, nous risquons de freiner l’innovation. Il est bon d’être prévoyant, mais il est bon aussi d’oser et d’avoir confiance. Dans le cas présent, cela signifie laisser les choses évoluer, attendre des résultats concrets et ensuite seulement, sur la base des faits et des expériences, réaliser une analyse coûts-bénéfices pour l’économie et la société et adopter les correctifs réglementaires nécessaires.

Qui dit nouveau tempo dit aussi un certain niveau de mise en réseau. Aucune entreprise ne peut entreprendre ce changement seule; aucun politique ni aucun législateur ne peut contrôler seul ce développement.  Il nous faut des réseaux, des plateformes communes, une nouvelle approche des notions de concurrence, de responsabilité et de protection des données. 

Exploiter et développer ensemble les atouts de la place industrielle suisse, voilà justement l’objectif visé par la plateforme «Industrie 2025». «Industrie 2025» est le nom donné à l’initiative suisse lancée pour préparer la 4e révolution industrielle, c’est-à-dire la convergence de l’informatique (IT) et des technologies opérationnelles (OT), l’automatisation et la mise en réseau des processus d’entreprise et enfin la formation d’interfaces hommes-machines toujours plus performantes avec l’aide de la technologie IP. A la clé? Des gains d’efficience, une baisse des coûts de production et de processus et un bond en avant pour la qualité de la production industrielle. 

Ce qui nous ramène à la mise en réseau et à la rapidité: certaines PME suisses ont su décrypter les signaux et se sont déjà chargées de mettre l’une et l’autre au service de leur propre stratégie de numérisation: c’est le cas du constructeur lucernois d’ascenseurs Schindler avec ses ascenseurs équipés de capteurs et du spécialiste zougois des techniques d’assemblage et de visserie Bosshard avec sa smart factory. Ces deux exemples montrent qu’Industrie 2025 est une chance pour la Suisse. Elle le sera assurément si nous parvenons à accroître la valeur du travail humain dans la production grâce à de meilleures qualifications professionnelles et à redistribuer les gains de productivité réalisés avec la numérisation de manière à ce que la population conserve son pouvoir d’achat. Comment y parvenir? L’édition 2016 du Swiss Telecommunication Summit de l’asut a livré quelques pistes de réflexion et ébauches de solutions. Je vous laisse les découvrir dans ces pages.

Peter GrütterPräsident asut
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