Selon le baromètre des préoccupations de fin 2019, la prévoyance vieillesse, la santé/l’assurance maladie et la question des étrangers étaient les trois principales préoccupations de la population suisse. Selon le rapport sur les risques de l’Office fédéral de la protection de la population OFPP, les premières places devraient être occupée par une pénurie d’électricité, des pandémies ou la canicule. Une panne de l’infrastructure TIC aurait elle aussi de terribles conséquences. Les peurs et les craintes de la population ne coïncident pas toujours avec les risques réels.
En ce qui concerne la téléphonie mobile et la 5G, nous faisons directement l’expérience de cette conscience biaisée des risques et des craintes subtiles de la population. La 5G est perçue comme quelque chose de nouveau et d’inconnu, ce qui la rend menaçante et dangereuse pour de nombreuses personnes. La 5G reflète actuellement les craintes et les incertitudes générales quant à la direction que prend notre société. La téléphonie mobile et les possibilités du smartphone ont profondément influencé notre comportement au cours des 20 dernières années. Souvent, nous ne réalisons à quel point la téléphonie mobile est devenue indispensable dans notre vie quotidienne que lorsque nous devons nous en passer. Quand ils oublient leur smartphone à la maison, la plupart des gens rentrent pour le chercher. Les avantages d’une transmission rapide des données et le fait que l’information soit disponible partout sont très utiles, mais prêtent aussi le flanc aux attaques. La rapidité et le parallélisme avec lesquels les choses se passent aujourd’hui peuvent être accablants et stressants. C’est la raison pour laquelle il n’est guère surprenant que les nouvelles technologies comme la 5G, censées tout rendre encore plus rapide et plus agile, se heurtent à des réticences.
Cependant, la crainte est bien mauvaise conseillère. En effet, où serions-nous aujourd’hui sans le courage d’innover et de développer continuellement des technologies importantes? Petite rétrospective: En 1900, les voitures furent interdites dans les Grisons sans autre forme de procès. Aujourd’hui, rares sont les personnes de ce canton alpin qui souhaitent dépendre entièrement du car postal. L’interdiction dura néanmoins 25 ans. A la fin du XIXe siècle, les milieux bourgeois avancèrent la critique selon laquelle le téléphone était une atteinte à la vie privée. Au cours de ces dernières semaines de confinement lié au coronavirus, personne n’aurait voulu se passer de la possibilité de la téléphonie (vidéo) pour rester en contact avec sa famille et ses amis ou pour organiser sa vie quotidienne. C’est vrai, il est toujours plus simple de regarder en arrière – mais indépendamment des exemples individuels, une constante demeure: il n’est pas dans l’intérêt de la société de se fermer au développement et à l’innovation par simple peur. Les nouvelles idées et techniques méritent une chance.
Avec l’immobilisme, la Suisse, voire l’Europe risquent de se faire devancer. Dans le secteur des TIC, il n’y a plus que trois concurrents européens qui sont positionnés au niveau mondial et qui ont leur mot à dire sur le marché. Actuellement, ce sont l’Amérique du Nord et l’Asie qui mènent la danse. Les événements récents, en particulier, ont toutefois montré que notre pays doit rester dans la course. Le secteur des télécommunications a un rôle essentiel à jouer à cet égard. Il ne s’agit pas «seulement» de progrès. Mais il s’agit de sécurité, de maintien de l’économie et de la société en état d’urgence et, enfin et surtout, de qualité de vie dans la sphère privée. Il est possible de façonner le progrès, mais lorsque nous restons à l’arrêt, nous sommes poussés par les autres et nous nous rendons dépendants d’eux.
Il est important que nous prenions au sérieux les craintes diffuses et le refus et l’hostilité croissants envers la technologie qui en résultent de la part de la population et que nous les combattions de manière ciblée et continue. Arthur C. Clarke, légende de la science-fiction, a affirmé: «Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie». En effet, la magie est à la fois intimidante et fascinante. Nous devons à nouveau faire naître la fascination que notre secteur peut susciter. C’est le moyen le plus efficace de lutter contre la méfiance suscitée par les technologies.