Par André Krause
Pouvoir se rendre d’un point A à un point B quand on le souhaite, rapidement et de manière confortable, c’est là la vision idéale de la mobilité personnelle. Dans les faits, nous en sommes malheureusement loin aujourd’hui: combien d’heures perdons-nous dans les embouteillages, en périphérie des grandes agglomérations, coincés?
Ce qui est clair, c’est que sans parler des coûts et du temps que cela prendrait, un pays aussi petit que la Suisse ne peut étendre ses infrastructures à l’infini. Il convient de trouver de nouvelles formules pour parvenir à concilier véritable mobilité individuelle et infrastructures limitées de manière durable
L’offre de transports publique n’est actuellement pas assez concurrentielle. La simple idée de devoir me trouver à une heure fixe à un endroit spécifique afin de ne pas rater le départ ou une correspondance me rappelle l’époque où je devais rester chez moi, à côté de mon téléphone filaire, ou à défaut trouver une cabine téléphonique qui marchait pour pouvoir répondre à un appel important.
Le trafic individuel privé offre depuis toujours l’avantage avec lequel la communication mobile a contribué à révolutionner toute l’économie et la société: il permet de se déplacer à tout moment, quand, où et de la façon dont on le souhaite. Tout l’enjeu consiste à intégrer ces atouts dans les modèles de mobilité du futur, en particulier ceux des transports publics.
De nombreuses approches sont sur la table pour définir nos systèmes de mobilité futurs: conduite autonome – que ce soit seul, à plusieurs, dans des véhicules (pooling) ou des groupes de véhicules partagés (platooning) –, mobilité multimodale de porte à porte avec les e-scooters, e-bikes, taxis, bus, trains... disponibles en temps opportun et à la demande. En rassemblant tous les modes dans un même système, il sera possible de combiner leurs avantages économiques, notamment en matière d’exploitation des capacités existantes des infrastructures et des moyens de transport, mais aussi leurs avantages environnementaux.
Ceci étant dit, il va de soi que l’atteinte d’une telle mobilité impliquera un système complexe et une multiplicité d’acteurs, d’interfaces, de plateformes... La question est de déterminer les fondations de ce futur système.
La convergence des avantages des modes de transport individuels et publics nécessitera l’interconnexion des différents acteurs, un nombre incalculable d’appareils et de capteurs, des analyses en temps réel de gros volumes de données en constante évolution, ainsi que leur préparation et leur intégration dans des applis intuitives sur les appareils des individus.
La norme 5G a été précisément définie pour permettre ce type d’interconnexion, comme le montre l’Union internationale des télécommunications (UIT) avec sa vision des conditions-cadres et objectifs pour l’avenir de la communication mobile. La 5G constitue la base idéale de la Smart Mobility, du fait des temps de latence plus courts, des bandes passantes plus importantes, de la connectivité massive et de la prise en charge de l’IoT, mais aussi des opportunités de combinaisons qu’elle offre avec des technologies telles que l’IA, les analyses avancées et l’Edge Computing. Seule condition: la 5G doit être disponible à grande échelle.
En Suisse, nous avançons dans la bonne direction, avec un grand nombre d’initiatives de Smart Mobility. Des approches telles que la mise à disposition d’une «infrastructure nationale de données mobilitaires», qui vise à faciliter la combinaison de différents moyens de transport entre eux, doivent même être mises en place en tant que services publics. Le Conseil fédéral a demandé au DETEC d’élaborer des bases juridiques à cet effet, une initiative à saluer.
Il nous faut cependant reconnaître que le DETEC a contribué de manière significative à freiner le déploiement rapide de la 5G à grande échelle dans beaucoup de communes et de cantons, bloquant aussi des approches de Smart Mobility globales. Le Conseil fédéral devrait contribuer à résoudre les blocages en cours dans bien de régions en Suisse. La réflexion sur le sujet est depuis longtemps sur la table. Il conviendrait maintenant d’aller de l’avant.