L'innovation demande du courage
Par Edith Graf-Litscher
La Suisse se classe régulièrement en tête des différents classements des nations les plus compétitives et innovantes au monde. Mais est-ce que cela va durer? Si on ne manque pas d’idées innovantes et que le chiffre des startups créées chaque année (300) est élevé par rapport aux autres pays, les startups suisses connaissent cependant un développement plus lent que dans d’autres pays. L’indice de compétitivité mondiale du Forum économique mondial évoque un «manque de dynamisme des affaires», lequel serait dû à une culture entrepreneuriale insuffisamment développée et à une aversion au risque: en Suisse, l’échec reste une tare dont on ne se libère que difficilement. Ce n’est pas un hasard si la Silicon Valley, emblème de l’innovation basée sur l’Internet et l’optimisme de la recherche, attire des experts du monde entier, y compris de Suisse. Avec chaque départ, notre pays perd une ressource potentielle considérable pour de futurs développements.
Une culture de l’innovation ne tombe pas du ciel: nous devons et nous pouvons y contribuer. Il s’agit d’apprendre à favoriser et à mieux valoriser les tâtonnements, ainsi que les risques que prennent les créatrices et créateurs d’entreprises, et à autoriser l’échec. L’accès au capital-risque doit être facilité, notamment dans le secteur des TIC, et ceci pas uniquement au stade du lancement des idées, mais aussi plus tard pour accompagner leur maturation. Nous avons besoin qu’un plus grand nombre encore d’investisseurs et de mentors expérimentés accompagnent les jeunes talents, que davantage de grandes entreprises et d’institutions acceptent de sortir de leur zone de confort et de collaborer avec des startups qui poursuivent des approches technologiques innovantes.
L’Etat peut également contribuer de façon significative à créer des conditions-cadres favorables à l’innovation. Le contexte suisse est déjà très favorable aux activités entrepreneuriales, de par la stabilité et la sécurité juridique qu’il offre, ainsi que par la présence d’excellentes hautes écoles et sites de recherche. Cependant, il existe encore des potentiels d’amélioration. Dans le domaine de la fiscalité par exemple, de nouvelles approches seraient nécessaires pour éviter aux jeunes entreprises non encore cotées de se retrouver submergées par les taxes. Si la mise en œuvre de la stratégie Open Government Data (libre accès aux données publiques en Suisse), adoptée par le Conseilfédéral en 2018, était poursuivie de manière aussi systématique que prévu, cela pourrait donner une solide impulsion au niveau de l’innovation dans le domaine des TIC.